EXSPECTATIO

Premier volet
34 min. _Sept. 2007
coul. _mini-dv







Quand je filme je cherche à être captive du lieu que je découvre. Il y a une tension du Voir. Mon regard pris dans la toile, le vent secoue le voile tissé de la bête invisible, l'araignée tapie dans limage, cachée en elle, prête à surgir. Filmer cest l'araignée cachée qui me prend au piège. Je ne puis men défaire. Je tisse avec elle la durée, le mouvement : l'image. Oui, cela va vers la mort tout en n'en finissant pas d'advenir. Il y a quelque chose comme ça, en métamorphose.
































Di. 23 septembre 2007
Notes

« En filmant les mûres je pense à Dürer, des détails de ses peintures, des herbes peintes à l’huile.
Je filme avec mon corps. »














Extrait de la lettre du mercredi 25 juillet 2007,
à Pascal Quignard :

« J’ai filmé aujourd’hui en pensant à Actéon, à Klossowski « Le bain de Diane », à vous à cause du mûrier, ces mûres noires que j’ai mangées hier dans ma promenade et dont j’ai fait des images aujourd’hui. J’ai pensé au « Roncier » de Hervé Rabot un photographe-artiste qui durant des années, l’hiver, en février,
à l’aveugle, l’appareil photo devant lui se glissait dans une haie en Creuse. Ces photos sont magnifiques, vous plairaient. Moi, elles m’ont soumises immédiatement. (…) Je lui ai dit qu’il devrait vous lire. Le sexe et l’effroi.
Les images d’aujourd’hui (il est déjà 23h12) sont parfois de petits "augmentum".




Une est un chardon qui se balance sur fond noir devant un brin d’avoine dorée et un mirage passe, vous savez un rafale. Il y a la base d’Avord près de Bourges et j’ai toujours connu ce déchirement insupportable du ciel par ces monstres en métal. Quand les nerfs sont fragiles ce bruit déglingue tout dedans soi. Mais pour l’image il est un événement que je n’espérais pas et qui est venu. Peut-être le cri d’Actéon. Car le chardon me fait penser à Actéon.
J’ai traversé comme un tunnel, un sentier en sous-bois, ai filmé la marche, je trouve qu’on y est bien, enveloppé. Et aussi une flaque dans la mi-pénombre, il y a du noir et des lueurs à sa surface, jusqu’aux reflets du ciel. Toutes les images que je garderai aujourd’hui comprennent du noir. D’abord une libellule que l’on croirait sur une montagne, une pierre de montagne, son aile transparente, l’abdomen bleu, un bleu inimaginable à exprimer et le noir à sa gauche. L’insecte est actif et moi je le filme et quand il disparaît subitement comme aspiré, puis il revient à sa place. Je filme. C’est comme lire. Je reste immobile et il se passe plein de choses dans mon cerveau. Et dans le cœur que je devrais moins négliger. »